Ma renarde, pose ta tête sur mes genoux. Je ne suis pas
heureux et pourtant tu suffis. Bougeoir ou météore, il n'est plus de cœur gros
ni d'avenir sur terre. Les marches du crépuscule révèlent ton murmure, gîte de
menthe et de romarin, confidence échangée entre les rousseurs de l'automne et
ta robe légère. Tu es l'âme de la montagne aux flancs profonds, aux roches tues
derrière les lèvres d'argile. Que les ailes de ton nez frémissent. Que ta main
ferme le sentier et rapproche le rideau des arbres. Ma renarde, en présence des
deux astres, le gel et le vent, je place en toi toutes les espérances éboulées,
pour un chardon victorieux de la rapace solitude.
René Char
Fureur et
mystère - Gallimard
azeazeazeaze
RépondreSupprimerQuel beau poème... Il me donne envie de l'apprendre.
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